Analogie


title: Analogie
subtitle: Identité de rapports

About the Concept

{: concept .intro }

L’analogie est une équivalence transopératoire.

L’acte analogique est la mise en relation de deux opérations, directement ou
à travers des structures, tandis que l’acte de modulation est la mise en
relation de l’opération et de la structure, à travers un ensemble actif nommé
modulateur.

Théorie de l’acte analogique

L’acte analogique est la mise en relation de deux opérations. Il a été employé
par Platon comme méthode logique de découverte inductive : le paradigmatisme
consiste à transporter une opération de pensée apprise et éprouvée sur une
structure particulière connue (par exemple celle qui sert à définir le pêcheur
à la ligne dans le Sophiste) à une autre structure particulière inconnue et
objet de recherche (la structure du sophiste dans le Sophiste). Cet acte de
pensée, transfert d’opérations, ne suppose pas l’existence d’un terrain
ontologique commun au pêcheur et au sophiste, à l’aspalieutique èt à la
sophistique. Elle ne cherche en aucune manière à prouver que le pêcheur et le
sophiste résultent de l’imitation par le Démiurge d’un même modèle commun : le
paradigmatisme logique se libère de l’exemplarisme métaphysique. Le
transfert d’opération est validé par une identité de rapports opératoires
réels dans l’exercice de l’aspalieutique et dans l’exercice de la
sophistique. Si l’on inscrit les opérations du pêcheur et du sophiste, et que
l’on efface les termes entre lesquels se déroulent ces opérations, on peut
faire abstraction de la spécification du système de termes dési- gnant les
conditions des opérations du pêcheur ou les conditions des opérations du
sophiste. La série des termes constituant la sophistique est remplaçable terme
à terme par la série des termes constituant l’aspalieutique : «pêcheur à la
ligne» remplace «sophiste», «poissons» remplace «jeunes gens riches», tandis
que les opérations entre ces termes subsistent intégralement; l’opération de
séduction puis l’opération de capture fructueuse sont les mêmes dans les deux
séries: toutes les caractéristiques intrinsèques des termes eux-mêmes sont
mises hors de cause dans l’acte analogique. Et c’est cette abstraction, cette
indépendance des opérations par rapport aux termes qui donne à la méthode
analogique son universalité. Puisque la considération des termes ne change
rien à la nature des opérations, on peut passer du grand au petit, ou du petit
au grand: telle est la méthode employée pour définir l’homme à partir de la
cité, parce que le modèle logique, plus grand, est plus facile à saisir. […]
; mais dans la méthode analogique platonicienne, ce n’est pas seulement
l’opération de mesure qui est transférée, mais tout autre type d’opérations.
Par là, Platon a découvert un moyen de rationaliser le devenir, qui, après
avoir fait l’objet des théories physiologiques ioniennes, avait été abandonné
au domaine de la connaissance trompeuse par les Eléates, théoriciens de
l’immuable et de l’être intemporel. La méthode analogique suppose que l’on
peut connaître en définissant des structures par les opérations qui les
dynamisent
, au lieu de connaître en définissant les opérations par les
structures entre lesquelles elles s’exercent
. La condition logique d’exercice
de l’analogie suppose une condition ontologique du rapport entre la structure
et l’opération. Car le transfert de l’opération logique par laquelle on
pense un être, d’un être à un être analogue, ne peut être valable que si
l’opération logique était modulée par l’ensemble systématique des
opérations essentielles qui constituent l’être. L’analogie, si elle était un
simple transfert des modalités de la pensée par laquelle on envisage un être,
à un autre être, ne serait qu’une association d’idées. L’analogie ne devient
logique que si le transfert d’une opération logique est le transfert d’une
opération qui reproduit le schème opératoire de l’être connu. L’analogie entre
deux êtres au moen de la pensée ne se légitime aue si la pensée soutient un
rapport analogique avec le schème opératoire de chacun des êtres
représentés. Avant que la connaissance du rapport analogique entre deux êtres
soit établie, il faut que la connaissance d’un être soit déjà un rapport
analogique entre les opérations essentielles de cet être et les opérations de
la pensée qui le connaît. C’est la connaissance d’un schématisme opératoire
que la pensée transfère, et cette connaissance d’un schématisme est elle-même
un schématisme consistant en opérations de la pensée. La pensée analogique
établit une relation entre deux termes, parce que la pensée est une médiation
entre deux termes avec lesquels elle a, séparément, un rapport
immédiat
. Cette médiation est faite de deux immédiations isolées : la pensée
devient le μεταξύ opératoire d’êtres sans rapport ontologique parce qu’ils ne
font pas partie du même système naturel d’existence.

Analogie et ressemblance

On doit donc noter que la pensée analogique est celle qui relève des identités
de rapports, non des rapports d’identité, mais il faut préciser que ces
identités de rapports sont des identités de rapports opératoires, non des
identités de rapports structuraux. Par là se découvre l’opposition entre la
ressemblance et l’analogie : la ressemblance est faite de rapports
structuraux. La pensée pseudo-scientifique fait un large usage de la
ressemblance, parfois même de la ressemblance de vocabulaire, mais elle ne
fait pas usage de l’analogie.

Intériorité mutuelle

Il ne s’agit plus ici de la quantité scalaire de l’énergie potentielle, ni des
pures propriétés vectorielles de la structure portée par le germe, mais d’un
rapport d’un troisième type, que l’on peut nommer analogique, entre les
structures latentes de la substance encore amorphe et la structure actuelle du
germe. Cette condition est nécessaire pour qu’il puisse y avoir une véritable
relation amplifiante entre cette structure du germe et cette énergie
potentielle portée par une substance amorphe. Cette relation n’est ni purement
quantitative, ni purement qualitative ; elle est autre qu’un rapport de
qualités ou qu’un rapport de quantités ; elle définit l’intériorité mutuelle
d’une structure et d’une énergie potentielle à l’intérieur d’une
singularité. Cette intériorité n’est pas spatiale, puisque nous voyons ici
l’action d’un germe structural sur son environnement; elle n’est pas une
équivalence de termes, puisque les termes, statiquement et dynamiquement, sont
dyssymétriques. Nous employons le mot d’analogie pour désigner cette relation
parce que le contenu de la pensée platonicienne relative au paradigmatisme
dans ses fondements ontologiques nous semble le plus riche de ce sens pour
consacrer l’introduction d’une relation qui enveloppe quantité énergétique et
qualité structurale. Cette relation est information; la singularité du germe
est efficace quand elle arrive dans une situation hylémorphique tendue. Une
analyse fine de la relation entre un germe structural et le milieu qu’il
structure fait comprendre que cette relation exige la possibilité d’une
polarisation de la substance amorphe par le germe cristallin.
{: title=“ILFI, pp.87-88” }

La véritable méthode analogique

Le mot d’analogie semble avoir pris un sens péjoratif dans la pensée
épistémologique. On devrait cependant ne point confondre le véritable
raisonnement analogique avec la méthode toute sophistique qui consiste à
inférer l’identité à partir des propriétés de deux êtres qui ont en commun un
caractère quelconque. Autant la méthode de ressemblance peut être confuse et
peu honnête, autant la véritable méthode analogique est rationnelle.
L’analogie véritable selon la définition du Père de Solages est une identité
de rapports et non un rapport d’identité. Le progrès transductif de la pensée
consiste bien en effet à établir des identités de rapports. Ces identités de
rapports ne s’appuient pas du tout sur des ressemblances, mais au contraire
sur des différences, et elles ont pour but de les expliquer: elles tendent
vers la différenciation logique, et en aucune manière vers l’assimilation ou
l’identification ; […]. Rendre compte de ces ressemblances ou de ces
différences, ce sera avoir recours à l’identité de rapports existant entre
tous les phénomènes de réflexion; la quantité d’énergie est grande quand, sur
le trajet de l’onde électromagnétique s’interpose un obstacle constitué par
une substance dont les irrégularités sont petites par rapport à la longueur
d’onde de l’énergie électromagnétique. […] La méthode transductive est donc
l’application du véritable raisonnement analogique ; elle exclut les notions
de genre et d’espèce. […] Cette facilité qui porte à raisonner par
identification d’après des ressemblances fait partie des habitudes
substantialistes, qui nous portent à découvrir des genres communs encore
inconnus, grâce à un transfert hasardeux de propriétés. […] La pensée
scientifique n’est pas une pure induction s’achevant par une classification
fondée sur les différences; mais elle n’est pas davantage une identification à
tout prix; elle est plutôt la distribution du réel selon une mesure, critère
commun de l’extension et de la compréhension.

La pensée transductive

La véritable pensée transductive fait usage du raisonnement par analogie,
mais jamais du raisonnement par ressemblance, c’est-à-dire d’identité
affective et émotive partielle. […] La pensée transductive établit une
topologie du réel, qui n’est point identique à une hiérarchisation en genres
et espèces.

Reconnaissance de l’individu

l’analogie par rapport à soi est caractéristique de l’être individuel, et elle
est la propriété qui permet de le reconnaître.

Tree of Significance

{: #tree-of-significance }

SYNONYM
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ANTONYM
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HYPERNYM
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HYPONYM
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