Premier saut

Bernard Aspe, Les fibres du temps, NOUS, 2018, p. 311 :

Se tenir sur le seuil du temps qui vient, c’est rendre possible une mémoire du futur, et cette mémoire est toujours collective. Mais il y a un complément inverse de cette mémoire du futur : l’absence de mémoire du passé qui est toujours là, logé dans le temps ordinaire en tant qu’il s’y prolonge – ou en tant qu’il y a fait un trou irréparable. D’un côté il y a l’imminence, à laquelle il s’agit de savoir répondre ; de l’autre l’immémorial, inaccessible, qui n’exige pas de réponse, seulement un prolongement – même là où le prolongement est impossible.