Comme @assoecologiedulivre fut la première à s’incrire sur LIRE.IM, quelques minutes seulement après mon premier contact par courriel, j’ai commandé le jour même leur première publication, Le livre est-il écologique, à ma librairie locale afin de m’intéresser de plus près à leur cas. Le surlendemain, c’est-à-dire avant-hier, j’ai eu le bonheur d’aller chercher « ma » copie de ce très bel ouvrage[1] que je me suis empressé de commencer et de terminer le soir même.
Une envie folle m’est venue de relater mes impressions de lecture, tant mon intérêt pour l’approche et le résultat s’est trouvé en résonance avec les idées que j’avais pu partager depuis REAL avec @stuart, @Mathias ou @maxlath, et encore avant avec @natacha et d’autres participant·e·s à THX. En fait, autant je fus surpris de la rapidité à laquelle l’association avait répondu « présente » à mon invitation à rejoindre LIRE.IM, autant l’harmonie de nos pensées respectives m’en fit comprendre l’engouement. Car nous ne sommes plus seul·e·s à penser le livre comme une chaîne de solidarité(s) depuis la forêt jusqu’à la transmission, depuis la forme jusqu’à la fonction, depuis la fulgurance des idées jusqu’à la musique des mots couchés sur le papier (recyclé) de nos objets fétiches. Au contraire, les idées fusent et l’on sent bien là une opportunité pour se tendre la main, construire des ponts, faire fleurir des alliances et accompagner des efforts qui sortiront du carcan productiviste la connaissance et le langage.
Merci de ce commentaire @Mathias. Ce n’est pas tant les entretiens qui m’ont épaté, mais plutôt la disposition générale de l’ouvrage[2] qui présente le livre comme « une œuvre collective » et s’adressant avant tout aux « artisans du livre ».
Le livre peut construire des points entre les gens, les idées, les pays et les époques. Il est passeur de savoirs et d’imaginaires, de beauté et d’émancipation. Mais il reste un objet fragile. Œuvre collective, sa pertinence dépend d’un écosystème vertueux.
Le premier paragraphe de l’avant-propos dénonce déjà le capitalisme (sans le nommer) comme le font d’autres passages, plus loin dans le livre, notamment dans l’entretien avec « le forestier » pour qui la globalisation du marché du papier pose, entre autres, un énorme problème pour garantir la provenance des fibres qui forment les pages que nous lisons.
La question posée en avant-propos correspond bien à celle qui a motivée dès le début l’approche de l’objet livre au sein des petites singularités :
L’association se pose une question simple : qu’est-ce que cela voudrait dire de fabriquer, publier et diffuser les livres de façon écologique ? À quoi pourrait ressembler dans vingt ou trente ans le livre de l’après-pétrole ?
Pour , la motivation était plus d’ordre technologique, au sens de socio-technique, comme nous venons du logiciel libre :
Avec REAL nous proposions déjà de prendre en compte dans notre production des partenariats locaux pour l’impression qui imposerait une approche qualitative éco-responsable pour les imprimeries : papier recyclé en priorité (en raison de l’économie substantielle d’eau) ou au-moins du papier garanti FSC/PEFC, ce qui correspond aux normes préconisées par l’Association pour l’Écologie du Livre. Avec REAL, tout comme sa suite logique RE.ALIV.RE, « nous souhaitons proposer une autre démarche » (pour citer une fois encore l’avant-propos) qui s’aligne parfaitement avec l’approche de l’AEL, et nous prenons l’angle d’un espace de discussion critique avec LIRE.IM et ce forum.
trois ans plus tard… Je suis membre de l’association pour l’écologie du livre et je m’apprête à lancer https://de.lire.im/ avec un annuaire collaboratif du livre indépendant et les discussions autour d’un pôle technique commun.
on ne peut rien dire de moins de ce qui sort des Éditions Wildproject, une petite maison d’édition qui offre un catalogue de qualité dans des objets de qualité qu’on a toujours plaisir à lire. ↩︎
À l’exception toutefois de la citation d’Ernst Haeckel, dont on aurait pu se passer, l’homme étant, malgré ses contributions à la science, l’antithèse d’une approche féministe et décoloniale : promoteur du racisme scientifique, du darwinisme social et de l’extermination des « races [humaines] inférieures » au nom de la « supériorité des hommes blancs du nord de l’Europe. » ↩︎