Bon alors @Ada_L est arrivée avec un projet en cours autour des cyberféministes en F̷̪̤̋ṟ̵͙̾͗a̷̛̩̎n̴͙͙̿́c̸̙͙̈e̵̪͒ qui m’a bien fait réfléchir.
C’est vraiment un mouvement qui n’est pas assez visualisé par ici, il est habituellement attaché à l’énergie de Nathalie Magnan et à la constellation de projets qui l’accompagnait.
Mais en y réfléchissant un peu mieux, je me suis demandée ce que Cyberféministes recouvrait exactement … (On est bien d’accord que F̷̪̤̋ṟ̵͙̾͗a̷̛̩̎n̴͙͙̿́c̸̙͙̈e̵̪͒ ne veut pas dire grand chose), et à quel moment ce moment DIY à émergé se différenciant des modalités de l’art numérique alors en cours de formalisation.
Existe-t-il un équivalent masculin aux Cyberféministes, des artistes DIY qui se différencieraient des artistes numériques…
Du coup j’ai eu envie de faire un tour vers les 2 expositions que l’ont dit fonddatrices des arts numériques à Paris dans les années 80:
Les immatériaux à Beaubourg commissaire François Lyotard
Electra au Musée d’art Moderne commissaire Franck Popper
Et de me poser la question des artistes femmes qui y étaient présentées, étant entendu que Les Immatériaux présentent des artistes plutôt Français et Electra plutôt Internationaux (comme leurs commissaires respectifs).
Les artistes femmes sont quasiment absentes des Immatériaux et il n’y en pas vraiment que l’on puisse qualifier d’artistes numériques puisque le discours est plus conceptuel, ainsi on va trouver quelques peintres comme Sonia Delaunay. En regardant rétrospectivement les Immatériaux on ne peut que se rendre à l’évidence de ce positionnement élitiste et comprendre la nécessité du cyberféminisme.
À Electra, il y a beaucoup plus d’artistes, une bien plus grande variété de travaux et beaucoup plus de femmes, dont certaines sont des pionnières des arts numériques, comme Teresa Wennberg, peut elles être qualifié de cyberféministe? je ne crois pas, ni de française d’ailleurs puisque sa vie à Paris n’était qu’une petite partie de sa vie d’artiste.
On trouve aussi à Electra Catherine Ikam qui elle est bien française, mais pas du tout bidouilleuse, elle se qualifie elle même de plasticienne, pas de bricoleuse… selon moi le cyberféminisme ne lui colle pas à la peau…
Heureusement il y a aussi Maria Klonaris et Katerina Tomadaki ah mince elles ne sont pas française elles non plus l’une née au Caire l’autre à Athènes elles ont étudié à Athènes, mais ont vécu lontemps à Paris. Cependant il s’agit encore d’art numérique, pas de partage de connaissance, mais vraiment ou est la limite, à quel moment ces différents courants se rencontraient-ils?
Ah oui, il y a aussi le copy-art pour le coup les artistes sont les mains dans la machine… la photocopieuse… À Electra il y a la géniale Pati Hill bon ok elle est née aux US… mais elle a vécu suffisamment longtemps en F̷̪̤̋ṟ̵͙̾͗a̷̛̩̎n̴͙͙̿́c̸̙͙̈e̵̪͒ pour que l’on lui accorde ce crédit…
Bref… je reste l’esprit plein de questions, comment qualifier un mouvement à quel moment se matérialise-t-il est il inscrit dans une histoire antérieure, même (surtout) lorsqu’il est en rupture. Et aussi la question principale: est ce que la scène française particulièrement intellectuelle prétentieuse et machiste ne laisse pas qu’une place réduite à l’invention la créativité le bidouillage, au profit d’une culture de l’égo qui n’a vraiment pas favorisé les collectifs féminins.
Bref il me semble que les cyberféministes ont émergé concurremment aux hackerspaces, et alors que ces derniers se sont identifiés en relation ou en dissension avec le monde entrepreneurial, les cyberféministes tissent des liens avec les espaces artistiques associatifs et de soin.
Cela ressemble à une division binaire assez classique que les petites singularités aimeraient bien retourner.