Bonjour,
suite à une chouette et fournie discussion hier avec @natacha et @how, j’ouvre ici une tentative de dialogue sur un sujet nommé “BioFabbing”.
Cette appellation existant déjà dans l’univers anglophone des communautés de pratiques de biohacking et Do It Yourself Biology et Biopunk. Je ne peux aujourd’hui que tenter de l’exprimer en français par : « Fabrication de la Fabulation au travers de la Biologie ». Pratiques de la biologie hors des murs universitaires et fabulation telle proche de la fiction spéculative. Je serais ravi de discuter de traduction du concept de BioFabbing.
J’espère que mon intention sera suivie de réactions, de commentaires, de questions, de controverses, donc de dialogue. Sans cela l’envie s’épuise et l’intention s’assèche.
Je commence pour quelques exemples dans lesquels une dialectique me semble être claire entre approche critique des savoirs, des techniques, des sciences, notamment, et sans s’y limiter, au prisme du soin ; avec soin entendu comme non uniquement considéré par la médecine et la biologie. Aussi, il est question des épistémologie, des créations de savoirs et connaissances, et leurs circulations.
Pré-proposition
Fabuler n’est pas interdit en recherche et pratique scientifique. Fabriquer et utiliser puis diffuser des fables, par l’ingéniosité et la technique, peut même se révéler utile. Il y a des fabuleuses et fabuleux scientifiques et chercheuses, chercheurs.
C’est pour cela que nous investissons le bioart, biohacking sous certains angles ici, et aussi bio jamming.
Cette dernière méthode est liée a une approche culturelle et critique.
culture jamming, que l’on peut traduire en français par sabotage culturel ou détournement culturel, est l’acte de subvertir de l’intérieur le fonctionnement d’un média de masse existant, en usant de la même méthode de communication utilisée par ce média. Wikipédia
Par exemple, nous, communautés de pratiques DIYbio & Biopunk, explorons les chemins critique pour exposer l’hyper solutionnisme en science du vivant et biologie, le dangereux ridicule du libertarisme qui se lie à une des vision eugéniste dans le transhumanisme (lui même plus vaste et divers), et aussi les oppressions et violences raciste, sexiste, classiste, genriste, dans le espace-temps de croisement entre biologie et soin.
Cette exploration et révélation peut passer par l’acte artistique en biologie synthétique pour donner corps, fabriquer, un gène chimère issu du « big data » qui donne réalité à une mutation provoquant la luminescence de nos/vos poils d’avant bras.
Ce genre de pratique permet aussi d’explorer et de travailler les liens entre technique, science, éthique, et technologie (étude de l’histoire, de l’évolution, de l’état de l’art de la technique), participant à dessiner de nouveaux contours d’une science en perpétuel mouvement et en dialogue avec la société.
Bio jamming et des usages de la fabulation
(Merci aux soins portés par Amélie Téhel lors de précédents échanges)
Nous avons maintenant à nous pencher sur :
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Les types de privilèges qui permettent la fabulation dans le système actuel.
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Qui pratique cela ? Des chercheuses et chercheurs bien établi·e·s ou dans la marge ?
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Avec quelle(s) visibilité(s) externe(s) et interne(s) ?
D’un sujet de recherche à la forme d’une écriture de recherche – Autoethnographie et fabulation de la thèse
Par MÉLODIE FAURY formée à la biologie moléculaire à L’ENS
Dont le carnet Hypothèses est WoW
https://infusoir.hypotheses.org/
Ce que l’ontologie relationnelle, et les épistémologies du positionnement font à ma recherche – L'Infusoir
Exemple 1 de BioFabbing : TransOrgansOnAchip
"The newest speculative project to arise from Biotranslab, Trans.Organ.on.a.Chip seeks to blur the boundaries of categorized life and to dilute the lines of sexual differentiation. " TransOrgansOnAchip - Paula Pin
Penchablenda hardlab, Anarchagland, Biotrans lab & Gaudi Lab y sont imliqué⋅e⋅s, c’est donc anar, Européen, Féministe et Trans.
Exemple 2 de BioFabbing : Mind thGAP
Avec Hackteria, dont les précédent⋅es cité⋅s sont proches ou membres, c’est un série d’ateliers dans lesquels les explorations et révélations peuvent passer par l’acte artistique en biologie synthétique pour donner corps, fabriquer, un gène chimère issu du « big data », ou du « n’importe quoi guidé par nos humeurs » qui donne réalité à une mutation permettant de critiquer des pans de sociétés par plusieurs sous-angles d’approches.
lien de l’annonce : Mind thGAP_ | upcoming workshop series with wet-lab artist Adam Zaretsky et al. | May & June 2021 « Hackteria
Page wiki du projet : Mind thGAP - Hackteria Wiki
Exemple 3 : Mari Mutare
Du rapport humain⋅e et non humain⋅e,
« Une expérience de prothèse biocompatible inspirée de l’ornement protochrétien : une figure hybride païenne mi-végétale, mi-humaine. Influencé par la philosophie du biohacking, la théorie féministe et la méthodologie du design spéculatif, ce projet examine la potentialité des biopratiques (pratiques biomédiatiques) en tant qu’outils de création de connaissances afin de transcender l’exceptionnalisme humain »
Exemple 4 : GynePunk
https://hackteria.org/wiki/GynePUNK
En réalité, Gynepunk, est plutôt l’une des nombreuses ramifications d’un projet rhizomique (qui comprend aussi le laboratoire de biohacking Pechblenda, le mouvement Transhack Feminism, le collectif Freakabolic, etc.) qui déplace, bricole et réagence biologie et physique appliquées, théories critiques, expérimentations sonores, pornoféminisme, hacktivisme, etc.
Gynepunk est un instant de fixation d’une plus vaste expérience aventureuse de mutation et de « devenir » : devenir-plante, devenir-son, devenir-trans, devenir-sorcière. Faire l’expérience de soi en devenant tout autre. Se décoder et se recoder, perpétuellement. Cité du design | La recherche | Gynepunk
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AutoGényco et Documentation : Category:GynePunk - Hackteria Wiki
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AnarchaGLAM SPELL : AnarchaGLAM SPELL - Hackteria Wiki
Je pourrais continuer encore longuement. J’espère que ces 4 premiers exemples seront suffisant pour introduire le sujet de BioFabbing, et aussi assez intéressants pour parler de pratiques, de réalisation par le geste, de fabrication de fiction spéculative (scripturale ou non), de mise en critique, dans le prisme et perspectives de prendre soin.
J’ajoute un point de vue plus personnel pour conclure cette mise en bouche.
Nous, biohacking, biopunk, Gynepunk, sommes passages, vectrices, vecteurs, médiations, bain de culture et de transmission, d’informations et de savoirs qui accompagnent celles-ci pour la transformer en connaissance. Nous ne sommes résolument et absolument pas propriétaires.
Notre contrat social n’est pas celui imposé par le capitalisme, et son pire enracinement, celui basé sur le mécanisme de dette.