Une pratique féministe de la visualisation de données?

À la première rencontre chez Nadine rue Gallait, on a évoqué un article de Catherine D’Ignazio, professeure-assistante de visualisation de données et de médias civiques à Boston.

La visualisation de données, ou infographie, est à la mode et chacun s’enthousiasme pour les nouveaux outils qui permettent d’en produire […] Malgré cette richesse technique, on manque souvent d’outils permettant une réflexion critique sur la politique et l’éthique de la représentation. Et comme le grand public est plutôt facile à impressionner avec des graphiques, la « data visualization » acquiert un grand pouvoir rhétorique. Quand bien même nous savons rationnellement que ces images ne représentent pas « le monde entier », nous avons tendance à l’oublier, et à accepter les graphiques comme des faits car ils sont généralisés, scientifiques et semblent présenter un point de vue neutre et expert.
Quel est le problème? La théorie féministe du point de vue situé rappelle que toute connaissance est située socialement et que les perspectives des groupes opprimés — femmes, minorités et autres — sont exclues de manière systématique de la connaissance dite « générale ». La cartographie critique dirait que les cartes sont des sites du pouvoir et produisent des mondes qui sont intimement associés à ce pouvoir. […] Il faudra bien admettre l’existence de ce pouvoir d’inclure et d’exclure, apprendre à le dépister et développer un langage visuel pour le décrire. Dans l’immédiat, il importe de reconnaître que la visualisation de données est un des outils de pouvoir parmi les plus puissants et les plus biaisés.

L’article est traduit en français et l’original en anglais.
Il y a aussi une version plus académique et complète (?), que je n’ai pas encore lu, qui est assez profondément enfui derrière le réseau social academia.edu…

Extrait d’une note de recherche d’Eymund Diegal pour le Public Lab au sujet d’une cartographie des flux d’égouts dans le canal Gowanus, à Brooklyn. On remarque les gens sur les bateaux qui collectent les images et le câble qui les relie physiquement au ballon et à la caméra.

1 Like

Whao Merci Pierre de cette référence que je ne connaissait pas,

Dans l’article elle établi 6 principes de Visualisation de Données féministes Rethink Binaries, Embrace Pluralism, Examine Power and Aspire to Empowerment, Consider Context, Legitimize Embodiment and Affectand Make Labor Visible.
J’ai bien envie de les mettre à l’épreuve lors de l’atelier du 7 à Constant V pour Quantify Wholeheartedly projet lancé avec les samedies il y a 2 années, pour engager le collectif de femmes et logiciels libres dans une approche féministe de la visualisation de données de quantification personnelle. Remettant en question ces quantifications permanentes du corps qui fonctionnent comme une carte qui précéderait le territoire, et qui contribuerait à la perte de repères de pratiques collective de soin plus anciennes; la recherche est documentée ici, http://www.lesoiseaux.io.
Nous avons aussi fait de nombreux essais et le début d’une méthodologie ou les visualisations ne sont plus faites de barres et autres graphs, mais d’éléments en mouvement de dessins de transformations d’images.

Professor Catherine D’Ignazio also lists things a feminist approach to data visualization could do :

  • Invent new ways to represent uncertainty, outsides, missing data, and flawed methods.
  • Invent new ways to reference the material economy behind the data.
  • Make dissent possible.